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Nicolas Kedroff-père

Nicolas Kedroff Père

Photo famille Kedroff

Nicolas Nicolaïevitch Kedroff-père est né à St-Pétersbourg le 23 octobre 1871. Aîné d’une famille sacerdotale, il choisit néanmoins la carrière musicale. Son père, l’archiprêtre Nicolas Kedroff, issu d’une lignée de prêtres, était recteur de l’Eglise Impériale de Strelna dédiée à la Transfiguration dans la banlieue de St-Pétersbourg, où il connut bien le saint prêtre Jean de Cronstadt, étant le cousin germain de son épouse. En 1897, N. Kedroff-père sort diplômé de la classe de direction chorale de la Chapelle Impériale ; il chante également à l’Opéra Privé de Moscou et achève ses études au Conservatoire Impérial, muni du diplôme d’art lyrique. Il suivit aussi les cours du grand maître et compositeur N. Rimsky-Korsakov, et, enseigna au Conservatoire Impérial, ainsi que son épouse.

En cette même année 1897, Nicolas Kedroff fonde le Quatuor Vocal De Saint-Pétersbourg. Le premier concert de prestige fut donné au printemps de l’année suivante dans la Petite Salle du Conservatoire, en présence de César Cui. Le répertoire du Quatuor était constitué d’airs d’opéras, de romances et de chants populaires. A cette époque, grâce à T. Philippov, membre du Contrôle d’Etat, une réception fut donnée au Palais d’Hivers en l’honneur du Quatuor, suivie d’une tournée à travers la Russie accompagnée d’un succès éclatant. La presse célébra l’entrée en scène du premier Quatuor vocal russe.

En 1908, le Quatuor réalise ses premières tournées à l’étranger : Paris, puis Londres. Dès lors, les tournées européennes se répéteront chaque année jusqu’en 1915. En 1911, Konstantin N. Kedroff, frère de Nicolas, entre dans le Quatuor. En cette période, Fiodor Ivanovitch Chaliapine accompagne les tournées du Quatuor et enregistre avec celui-ci un disque de chants populaires. Chaliapine, évoquant les qualités de l’Ensemble, le qualifie de « miracle de l’art vocal ». En 1917, dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale, éclate en Russie la guerre civile. Le Quatuor met alors un terme à ses activités. Les mémoire de Kedroff-père nous rapportent : «En septembre de l’année 1922, mon épouse et ma plus jeune fille ont pu partir pour Berlin, et en avril 1923, avec mes deux aînés, je quittai à mon tour la patrie » .

N. Kedroff restera quelques mois en Allemagne avant de gagner Paris. En cette période, il a pu reconstituer beaucoup de ses compositions et harmonisations qui ont été détruites en même temps que sa bibliothèque à St-Pétersbourg. Il convient d’évoquer ici que plusieurs compositeurs de renom, tels que Rimski-Korsakov, Glazounov, Gretchaninov, Cui ou Nicolas Tcherepnine écrivirent pour le Quatuor. César Cui lui dédia son opus 98 comportant neufs quatuors vocaux, S. Liapounoff, sa « Légende sur le Tsar Ivan-le-Terrible » ainsi que « cinq quatuors sur thèmes populaires pour voix égales (opus 48) ». A ce moment, écrit Kedroff, « mes collaborateurs avaient entrepris des démarches à St-Pétersbourg et à Moscou pour obtenir un droit de sortie du pays dans l’intention de me rejoindre. Le Quatuor était composé alors d’Ivan Kouzmitch Denisoff (premier ténor), T. F. Kazakoff (second ténor), Nicolas Nikolaevitch Kedroff (baryton), Konstantin Nikolaevitch Kedroff (basse).

Le Quatuor donna alors un concert à Berlin décrit par N.N. Kedroff lui-même : « Le public s’était rassemblé très nombreux. L’arrivée du Quatuor fut accueillie par de longs et ininterrompus applaudissements, et l’on sentait que la sympathie dont avait bénéficié l’ancienne formation s’était reportée sur la nouvelle. Nous autres, figés par l’émotion, étions longtemps restés sans pouvoir commencer, répondant par des salutations répétées à un accueil si enthousiaste. Finalement, le concert commença. Aux premiers accents mélodiques du chant connu de chaque Russe «Le long de la Mère-Volga», nous ressentîmes, bouleversés, que l’émotion causée par les inflexions d’un chant si familier se muait en un essaim de souvenirs d’une étendue infinie, et que cette émotion retentissait comme en écho dans l’âme de chaque Russe venu assister à nos premiers débuts à l’étranger. L’on pouvait voir comment, en divers endroits de la salle Beethoven, des mouchoirs blancs faisaient leur apparition, essuyant des larmes de joie et de tristesse à la fois. Notre émotion, ainsi que celle de nos compatriotes, contaminèrent aussi les Allemands venus en grand nombre à ce premier concert russe de la saison.

Les tournées de concerts se sont poursuivies en France et en Europe. C’est alors qu’apparut le répertoire religieux dans les programmes du Quatuor. Il semblerait que les épreuves passées ont inspiré à N. Kedroff une nouvelle mission : le témoignage spirituel, celui de la Foi orthodoxe à laquelle il était fortement attaché. Cette nouvelle orientation se manifesta non seulement à travers les concerts mais aussi dans ses compositions et harmonisations dont un très grand nombre nous sont parvenus. Parmi celles-ci, citons le fameux «Notre Père» qu’il écrivit encore à Petrograd en 1921, peu avant son départ. La beauté et la simplicité de ce chant le place au rang des chefs d’œuvres de l’héritage liturgique de l’émigration.

En 1927, le Quatuor célèbre à Paris, ses 30 ans d’existence, avant d’accomplir sa première tournée aux Etats-Unis. Les voyages outre-mer du Quatuor ont connu un succès sans pareil. Des décennies plus tard, les milieux musicaux en gardaient un souvenir vivace, sans parler de l’empreinte que le Quatuor laissa au sein de l’émigration russe locale. A Paris le Quatuor donna régulièrement des concerts de bienfaisance pour aider les différents organismes de l’émigration, souvent très pauvres à cette époque, parmi lesquels, l’Institut de Théologie Saint-Serge.

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