logo
Centenaire de l'archevêché des églises Orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale

Listes des autres pages laïcs

Informations de la page

Pierre Kovalevsky

Pierre Kovalevsky

Auteur inconnu (DR)

Né le 16 décembre 1901 à Saint-Pétersbourg, en Russie, et décédé le 27 avril 1978 à Paris, il était le fis du haut fonctionnaire Evgraf Petrovitch Kovalevsky qui fut, avant la Révolution, à l’origine de grandes réformes démocratiques dans le domaine de l’éducation.

Petr Evgrafovitch s’est fait remarquer, avec ses deux jeunes frères Maxime (le futur musicien) et Evgraf (le futur évêque Jean-Nectaire) comme acolyte auprès du Patriarche de Moscou Tikhon. « À Petrograd, en 1918 nous étions tous les trois délégués par la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan, notre paroisse », se souvenait-il, « en tant que représentants de la jeune génération, lors de la venue dans la capitale du Patriarche Tikhon (Mai 1918)». «Ensuite, raconte-t-il, nous primes une part active à la vie du monastère de la Protection de la Sainte Vierge à Kharkov, en chantant et en servant les offices». Petr Evgrafovitch, consacré sous-diacre (un ordre du bas clergé qui avait presque disparu depuis le XIIIe siècle), poursuivra cette expérience de service ecclésial à la tête de la Confrérie Saint-Alexandre-Nevsky qui rassemble à ce jour tous les acolytes et sous-diacres servant les offices de la cathédrale de l’Archevêché au 12 Rue Daru, dans le quartier de l’Étoile à Paris. Ce fut là où, auprès des Métropolites Euloge (Guéorguiévsky) puis Vladimir (Tikhonicky) et de l’Archevêque Georges (Tarasov) — Petrr Evgrafovitch forma trois générations d’acolytes, de lecteurs, de sous-diacres, et même de diacres et de prêtres qui apprirent de lui nombre d’usages liturgiques. Il leur transmit les coutumes pratiquées auprès du siège patriarcal de Moscou et dans les grandes cathédrales à l’époque du Patriarche Tikhon.

Arrivé à Paris au début des années 1920, Petr Evgrafovitch a commencé à enseigner à l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge peu après en avoir reçu le diplôme de “candidat”, diplôme sanctionnant cinq ans d’études universitaires comme cela se fait encore en Russie de nos jours et, jusqu’aux réformes de ces dernières décennies, comme en Allemagne ou en Italie. A Saint-Serge, le jeune Kovalevsky avait été disciple du grand historien et co-fondateur de l’Institut, Anton Kartachov. Il fut « retenu auprès de la chaire ». Retenir un lauréat auprès de la chaire, c’est-à-dire l’inviter à rejoindre la faculté dans un établissement universitaire, signifiait un acte important de reconnaissance du talent d’un jeune diplômé. A Saint-Serge, où avait trouvé refuge une partie de l’élite de l’intelligentsia russe, c’était un hommage exceptionnel.

Ensuite, Petr Evgrafovitch soutint une thèse de doctorat de troisième cycle qui fut publiée à Paris en 1925 par les Presses Universitaires de France sous le titre "N.S.Leskov, peintre méconnu de la vie nationale russe". Au cours du demi-siècle qui suivit, il publia un nombre si important d’articles et de monographies, qu’il fallut un livre entier pour en dresser la bibliographie. Son "Histoire de la Russie et de l’URSS" était un manuel de référence qu’on imposait encore au milieu des années 1970 aux étudiants slavisants du Grand-Palais (où se déroulaient alors les cours de l’UER de russe de l’Université de Paris IV).

Après 1945, Petr Evgrafovitch allait passer de longues années à enseigner l’histoire de l’Église à l’Institut Saint-Denis, concurrent de Saint-Serge, où se distinguèrent également ses jeunes frères Maxime et Evgraf ainsi que Vladimir Lossky, mais sans jamais quitter la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, où il officiait régulièrement à tous les offices, presque sans exception, en tant que coordinateur des sous-diacres et acolytes.

Petr Evgrafovitch enseigna également à l’école paroissiale de la Rue Daru. « Une encyclopédie vivante » était ce qu’on entendait le plus souvent à son propos parmi les enseignants et les élèves. L’intérêt ou au moins la curiosité que Petr Evgrafovitch pouvait éveiller chez les jeunes envers l’histoire russe et la théologie orthodoxe et enfin, sa gentillesse et la joie qu’il avait à rencontrer des jeunes (« Здравствуйте ! Здравствуйте ! Привет ! Привет ! » — « Bonjour ! Bonjour ! Salutations ! Salutations ! » lançait-il toujours plein de joie de vivre, lorsque ses élèves entraient en salle de classe) a laissé une empreinte profonde sur tous ceux qui ont été formés par lui pendant plus d’un demi-siècle en salle de classe et surtout auprès de l’autel de la cathédrale.